Piétonisation – une approche basée sur les données à Kelowna, au Canada
Partout en Amérique du Nord, les urbanistes, les gestionnaires de centre-ville et les experts en santé travaillent sans relâche pour réinventer notre espace public et la distanciation physique dans le contexte de pandémie COVID-19. Les pistes cyclables, par exemple, visent à offrir aux gens une alternative sûre aux transports en commun. Les projets de piétonnisation dans les zones urbaines telles que les rues du centre-ville donnent aux gens l’espace nécessaire pour faire leurs achats. Des artères importantes, comme celle du parc Stanley de Vancouver, ont ainsi été fermées afin de donner aux gens davantage de possibilités de faire de l’exercice pendant cette période difficile.
La piétonnisation consiste à convertir une rue ou une zone à un usage exclusivement piétonnier. Elle vise généralement à améliorer l’accessibilité et la mobilité des piétons, pour en faire un espace plus accueillant pour le commerce, et/ou à améliorer l’attractivité de l’environnement local en termes d’esthétique, de pollution de l’air, de bruit et d’accidents impliquant des véhicules à moteur avec des piétons.
Plus de cinq mois après le début de la pandémie, des exemples commencent à émerger sur la façon dont nos rues ont changé. À Kelowna, une belle ville de montagne de la province canadienne de Colombie-Britannique, les urbanistes ont travaillé d’arrache-pied sur des zones urbaines stratégiques pour la piétonnisation.
Une stratégie pour les piétons et une stratégie de relance économique d’un seul coup
Fin juin 2020, l’avenue Bernard – la principale rue commerciale de Kelowna et la plus fréquentée, avec ses boutiques, ses bars et ses restaurants – a été piétonisée. Les magasins et les restaurants de la rue ont eu la possibilité de s’étendre à l’extérieur en utilisant du mobilier urbain ou un patio. Un couloir séparé pour les piétons et les cyclistes a été installé au milieu de la rue. La piétonisation restera en vigueur jusqu’au deuxième week-end de septembre.
Ce n’est pas la première fois que l’avenue Bernard est réaménagée de manière à mieux respecter les piétons. Il y a quelques années, dans le cadre d’un programme de revitalisation du centre-ville, les trottoirs ont été élargis à 4,5 m afin d’accueillir davantage de trafic piétonnier. Afin d’évaluer l’impact des projets d’infrastructure de ce type, de suivre le développement du vélo et de la marche dans cette zone réaménagée et de communiquer avec les parties prenantes, la ville de Kelowna dispose d’une flotte de compteurs de personnes automatiques, tous dotés de données publiques grâce à notre page Web publique.
Forte de cette expérience, la ville de Kelowna a vu l’opportunité d’adopter une approche basée sur les données pour la piétonisation de l’avenue Bernard cet été. Elle voulait notamment comprendre quelle était la bonne façon de piétonniser une rue et pouvoir communiquer la réponse au conseil municipal pour des recommandations à long terme. Quel est le bon type de fermeture de rue ? Quel est l’impact sur les entreprises ? Si elle est rendue permanente, comment pouvons-nous en maximiser les avantages pour tous ?
La ville a utilisé 6 compteurs de personnes PYRO-Box pour créer deux lignes de comptage à différentes extrémités de la rue. Deux des PYRO-Box comptent les personnes sur les trottoirs de chaque côté, tandis qu’une PYRO-Box bidirectionnelle mesure la circulation au milieu de la rue. Avec ces deux lignes de comptage en place, la ville a une bonne idée du niveau d’activité dans la rue. L’été dernier, un comptage en ligne avait également été réalisé sur l’avenue Bernard, ce qui permet des comparaisons significatives d’une année sur l’autre dans les données.
Un peu plus d’un mois après le début du projet, le nombre de piétons dans la rue est impressionnant. Les compteurs ont été installés la semaine précédant le lancement du projet afin de saisir l’avant et l’après impact, et les comptages ont atteint un sommet dès la mise en place du projet le 29 juin.
En moyenne, les comptages sont environ deux fois plus élevés qu’à la même période l’année dernière. Selon Matt Worona, nouveau spécialiste de la mobilité à la ville de Kelowna, le jour le plus fréquenté en 2019 est désormais « un jeudi normal en 2020 ». Pendant le week-end particulièrement fréquenté des 4 et 5 juillet, par exemple, le nombre de personnes par jour était d’environ 25 000, contre environ 10 000 l’année dernière. Les données sont analysées quotidiennement et font l’objet d’un processus de contrôle de qualité qui établit une moyenne de l’impact de la météo et des différences entre les jours de la semaine et les jours fériés de 2019 et de 2020.
Communiquer avec les entreprises locales et le public
Chaque jour, les données relatives au nombre de piétons – y compris l’évolution d’une année sur l’autre – sont partagées avec le district local d’amélioration des affaires (BID) afin d’assurer la transparence et de permettre au BID de comprendre pleinement l’impact de la piétonisation. Grâce à ce partage de données, les entreprises locales sont engagées dans le projet et sont en mesure d’adapter leurs activités commerciales aux mesures COVID et à l’augmentation de la fréquentation piétonne. Si les ventes au détail sont en baisse, la ville est en mesure de montrer que cette baisse n’est pas due au manque de personnes dans la rue mais qu’elle est probablement attribuée à d’autres facteurs COVID. Si les ventes sont en hausse, ils disposent des données nécessaires pour justifier le projet.
À long terme, les données sur le nombre de piétons serviront d’indicateur clé de performance (KPI) pour évaluer le succès du projet. Les données de comptage seront combinées avec d’autres KPI, notamment des enquêtes de satisfaction auprès des commerçants et une étude sur la vie publique. Ensemble, ces données permettront à Matt et à son équipe d’aller au cœur de certaines des questions auxquelles ils avaient initialement prévues de répondre, notamment : quelle est la bonne façon de procéder à une fermeture de rue ?
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Crédits photo : Matt Worona, City of Kelowna