Janvier 2017 a été un mois particulièrement riche d’enseignement sur la pratique du vélo utilitaire et les mesures de fréquentation à disposition des collectivités qui souhaitent compter les vélos et les piétons. Retour sur quelques études et présentations dévoilées ce mois-ci sur le sujet.
500 000 personnes ont fait du vélo leur mode principal de déplacement domicile-travail en 2015
Pour la première année, les statistiques de l’INSEE sur le mode de transport utilisé pour se rendre au travail distingue le 2 roues motorisé du vélo. L’étude complète est disponible ici mais on y apprend qu’1,9% des Français se rendent principalement à vélo au travail, soit 500 000 personnes en 2015. La pratique est plus développée dans les centres urbains, et chez les diplômes et cadres supérieurs.
Mais comme le rappelle Charles Maguin de l’association Paris en Selle dans une interview au journal Libération : les infrastructures cyclables sont « souvent de mauvaise qualité, voire inexistantes, or ces conditions peu rassurantes excluent les usagers les moins enclins à la prise de risque. » Il y a également, note-t-il « une vraie discrimination territoriale : on ne propose pas d’infrastructures aux habitants des banlieues. Plutôt que de constater que le vélo est un moyen de transport de bobo, peut-être faudrait-il formuler l’hypothèse inverse : réserve-t-on le vélo aux Parisiens ? La question de la volonté politique est déterminante ».
Strasbourg, Grenoble et Bordeaux sur le podium
Parmi les villes où la pratique du vélo-boulot est la plus développée, on retrouve Strasbourg, Grenoble et Bordeaux. Ces trois villes ont en commun d’avoir développé un réseau dense de pistes cyclables, mais également une vraie politique de communication pour en encourager l’usage et mettre en valeur les services associés (réparation, stationnement, etc.).
Signalons également que selon le principe qui veut que « ce qui n’est pas compté ne compte pas » (Emmanuel Roche, chargé vélo à Chambéry Métropole), ces trois villes où la pratique du vélo est plus importante que dans le reste de la France se sont également équipées depuis plusieurs années de compteurs vélo leur permettant de mesurer les progrès effectués année après année, sans attendre le recensement de l’INSEE.
Strasbourg s’est ainsi équipé d’un réseau de 45 compteurs vélo ainsi que d’un des premiers Eco-TOTEM français, pour rendre visible la pratique du vélo.
L’Eco-TOTEM strasbourgeois, visible
Grenoble utilise également depuis plusieurs années 5 compteurs vélo automatiques pour mesurer la fréquentation en différents axes stratégiques de sa métropole. L’étude des profils horaires et hebdomadaires permet de qualifier le type de trafic vélo rencontré (utilitaire, touristique, ou mixte) et d’adapter les aménagements en conséquence.
La métropole de Bordeaux, quant à elle, a installé 30 compteurs ZELT qui transmettent automatiquement les comptages de vélo aux gestionnaires de trafic.
La mesure de fréquentation vélo comme bonne pratique
Pour autant, en dehors de ce podium, la bonne pratique de compter ce qui doit compter se diffuse également dans d’autres villes. Le 23 janvier dernier, lors de la rencontre nationale du Club des villes et territoires cyclables, trois autres métropoles ont partagé leurs retours d’expérience de mesure de la fréquentation vélo : la métropole du Grand Lyon, la MEL (Métropole Européenne de Lille) et Chambéry Métropole.
Ce qui ressort des échanges : les chiffres objectifs crédibilisent la pratique du vélo, mais nécessitent une analyse poussée et une prise de recul sur les données collectées. Pour tirer des enseignements de ces analyses, il faut bénéficier d’un historique de données suffisant, de données qualifiées et valides, et prendre en compte les variations météorologiques avant de tirer des conclusions.
Les compteurs automatiques permettent aussi de créer une base commune pour comparer les chiffres de fréquentation d’une ville à l’autre (y compris hors de France), comme sur cette carte interactive. Ou encore de mesurer la proportion des trajets effectués à vélo par rapport aux autres modes pour argumenter en faveur d’un partage plus équitable de la voirie.
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