Depuis 2022, le Cadre mondial pour la biodiversité – Global Biodiversity Framework de Kunming-Montréal (GBF) a adopté un objectif ambitieux de conservation et de gestion efficaces d’au moins 30 % de la superficie terrestre et maritime de la Terre d’ici 2030.

Cet objectif a été notamment porté par la France, qui l’avait intégré en 2021 dans sa Stratégie Nationale Biodiversité.

Afin d’atteindre cet objectif, une attention particulière est à porter aux problématiques de formation et recrutement des gardes en espace naturel (”Rangers”). En effet, en projetant le nombre de gardiens sur la superficie de territoire à protéger, compte tenu de cet objectif 30×30, on constate un vrai goulet d’étranglement avec un nombre de gardes/rangers insuffisants au vu des besoins actuels et futurs pour la préservation de ces espaces. Il existe en effet actuellement très peu de formation professionnelle en France et en Europe spécifiques sur le métier.

« Autre problème dans la formation au métier de garde nature : un vrai déficit de connaissance naturaliste pure des agents », note Matthias Magnier, garde nature pour la Métropole Aix-Marseille.

« Ce ne sont pas des connaissances qui s’apprennent dans le cursus, mais sur le terrain, par l’expérience sur le long terme. Et les opportunités de les acquérir pour les étudiants restent encore par le biais des associations, mais sont souvent pénalisés par le peu de budget et de ressources dont elles disposent. »

Sur les enjeux de recrutement, a contrario des objectifs ambitieux du programme 30×30, la tendance est plutôt à la baisse des effectifs, avec une augmentation progressive du périmètre d’intervention, pour des effectifs en baisse. Un effet ciseau qui, en l’état, interroge sur la possibilité de tenir les objectifs ambitieux annoncés pour 2030. Lorsque les postes en animation nature existent, « ils souvent précaires », note encore Mathias Magnier.

A l’occasion du congrès mondial des Rangers auquel nous participerons du 7 au 11 octobre, nous avons souhaité mettre en avant ce sujet particulier, et partager quelques initiatives.

10e Congrès des Rangers

La Fédération internationale des Rangers (IRF) organise avec Gardes Natures de France (GNF) le 10e Congrès mondial des Rangers qui se tiendra en France du 7 au 11 octobre 2024. Plus de 400 gardes nature professionnels et agents de conservation sont attendus pour ce temps fort du réseau mondial et échanger autour de problématiques communes.

Cet événement majeur facilite la collaboration internationale entre gardes en abordant des questions environnementales urgentes telles que la protection de la faune, les pratiques durables et les technologies émergentes.

Eco-Compteur soutient l’événement, en participant aux frais des rangers de régions n’ayant pas les ressources pour le faire autrement. Un compteur de personnes PYRO Nano sera également remis à un participant pour lui permettre de suivre les fréquentations.

Et au-delà des acteurs terrains (Ranger), une attention particulière est à porter à la recherche qui fait avancer la science autour de la thématique de la gestion des visiteurs en espaces naturels !

 

Quelques initiatives autour de la formation des gestionnaires d’espaces naturels

Projet VIMAS

VIMAS (un acronyme pour “Visitor Monitoring and Management in Protected Recreational Areas”, “suivi et gestion de la fréquentation visiteur pour les zones naturelles protégées”) est un projet européen démarré en novembre 2023.

Il vise à former la prochaine génération de scientifiques multidisciplinaires pour assurer une gestion durable des visiteurs en environnement naturel.

Plus concrètement, 10 Doctorants internationaux (DC) seront assignés à un programme de doctorat spécifique, et le développement de carrière sera suivi et supervisé par le réseau d’expertise multidisciplinaire du consortium VIMAS, qui comprend des universités ainsi que des entreprises.

Un programme complet est prévu pour renforcer les liens entre les parties prenantes (dont Eco-Compteur fait partie !).

Nous interviendrons auprès des scientifiques pour leur partager les outils et expertises métier que nous avons pu développer au fil des années, autour des enjeux d’équilibre entre accès à la nature et préservation de la faune et de la flore.

Pour en savoir plus sur le projet : https://www.nmbu.no/en/research/projects/vimas

Campus Terre & Nature à Carcassonne

Autour des enjeux de formation, nous avons également eu l’opportunité d’intervenir pour la deuxième fois auprès des étudiants du Btsa « Gestion & Protection de la Nature » du Campus « Terre et Nature » à Carcassonne.

 

Dans le cadre du cours de Gestion et d’aménagement, l’exercice proposait aux étudiants la commande professionnelle suivante :

« Plusieurs espèces d’oiseaux patrimoniales sont présentes dans les nichoirs du Campus, certains sont désertés. Parmi les différentes hypothèses, le dérangement des oiseaux à cause des passages d’élèves trop élevé à proximité des nichoirs doit être vérifié. A partir des caractéristiques techniques du capteur, du contexte physique, des indices de fréquentation, déterminez l’endroit optimal d’installation de ce capteur. »

Eco-Compteur a fourni pour cette exercice un compteur piéton PYRO Evo de dernière génération avec toutes les options (télétransmission, option météo, et transmission des données par quart d’heure). Philippe Delmas, Consultant Client pour Eco-Compteur, a également désigné le groupe vainqueur et réalisé l’installation, en favorisant la manipulation du compteur par les élèves, ainsi que l’application Eco Link Evo qui permet de surveiller le capteur à distance, recevoir les données de fréquentation et en gérer la collecte (sur environnement Android ou iOS).

Cet exercice a permis aux étudiants de se familiariser avec ce système qu’ils seront sans doute amenés à utiliser dans le futur : pose optimale, interprétations des données. Et également de se professionnaliser sur la question de la fréquentation anthropique des espaces naturels. Une visite de la Réserve Naturelle Régionale de l’île de « Sainte Lucie » gérée par le PNRM de la Narbonnaise, est venu compléter cette intervention par une visite « en situation » des systèmes de mesure de la fréquentation, et des enjeux liés aux éventuelles surfréquentations de sites naturels protégés.

Crédit photo : R. Ribaut, enseignant Aménagement