La ville de Québec est l’une des plus vieilles villes d’Amérique du Nord et la 11e ville du Canada en taille. Avec 315 km de voies cyclables à explorer et un réseau en constante augmentation, la ville n’est pas en reste pour ce qui est du tourisme à vélo. Jean-François Martel, conseiller en planification des transports pour la Ville de Québec, nous a reçu pour un entretien et a partagé avec nous ses conclusions tirées de l’étude des données de trois compteurs automatiques permanents et deux compteurs temporaires qui suivent la fréquentation des itinéraires principaux.
Des compteurs permanents et mobiles combinés pour mesurer les tendances de long terme et réaliser des comparaisons entre différents axes
Des compteurs permanents peuvent fournir des statistiques de base et des tendances de long-terme qui servent de bases solides pour toute analyse. A Québec, ils aident à confirmer si les axes sont principalement utilisés pour un usage utilitaire ou touristique. Un compteur permanent installé sur une piste cyclable dédiée qui longe la rivière Saint-Charles a permis de déterminer que son trafic matinal y est très élevé, et suivi par un trafic important et stable sur le reste de la journée. Sans un déclin rapide à la suite du pic du matin, cette piste est probablement utilisée à la fois pour un usage récréatif et utilitaire.
Des données annuelles et continues sont aussi importantes pour fournir une base stable de données permettant de comparer avec des trafics vélos futurs lorsque des améliorations ou nouvelles infrastructures auront été mises en place. Un compteur permanent mesure le trafic cyclable depuis et vers un parc d’activités technologiques, qui emploie un grand nombre de jeunes travailleurs, et dont les liaisons cyclables vont être améliorées prochainement.
Comment les compteurs mobiles contribuent-ils à ces analyses ? Les compteurs temporaires et mobiles sont utilisés pour rassembler des données de fréquentation sur plusieurs endroits et dresser des comparaisons entre ces différents sites. Idéalement, les données sont enregistrées sur un temps suffisamment long pour permettre de rendre compte des fluctuations liées aux conditions météo. Des compteurs permanents peuvent en retour valider les données et s’assurer que les données de fréquentation temporaires ne sont pas erronées ou anormales.
« Parce que nous analysons les données de fréquentation de vingt bandes cyclables à l’année avec seulement deux compteurs temporaires, la gestion de la rotation des points de comptage est critique », explique Jean-François Martel, « mais nous devons néanmoins garder un compteur en place pendant au moins deux semaines pour pouvoir réellement comparer entre un jour de pluie et une journée ensoleillée. » Les données des compteurs permanents servent de variables de contrôle pour tester et extrapoler ces données collectées sur des périodes de deux semaines à l’aide des compteurs mobiles.
Des chiffres globaux utilisés pour justifier des projets impactant le stationnement et le trafic automobile
La mise en place d’infrastructures cyclables a souvent des conséquences sur le nombre de places de stationnement disponibles, et c’est dans le but de gagner le soutien des commerçants et du public qu’il est essentiel de collecter des données objectives pour prouver les bénéfices et le besoin réel de ces infrastructures potentielles.
Un compteur permanent est également installé sur un axe Est-Ouest important de la ville, rue Père-Marquette, et suit la fréquentation d’une infrastructure cyclable qui connecte différents lieux de travail de chaque côté de la ville. Les données montrent qu’il y a en moyenne trois fois plus de cyclistes sur la rue Père-Marquette qui bénéficie d’un aménagement cyclable, que sur les rues parallèles sans aménagement. La possibilité de comparer d’autres routes sans aménagement a été rendu possible par l’utilisation de compteurs mobiles temporaires sur ces rues parallèles.
Les comparaisons et les tendances de long-terme permettent de démontrer le besoin réel et concret de développer des infrastructures sécurisées pour les cyclistes. Les données objectives sont une vraie force pour démontrer l’intérêt de l’infrastructure de la rue Pere-Marquette pour la communauté. « Notre principale inquiétude était de fournir des données qui ne puissent pas être remises en question », ajoute Jean-François Martel, « souvent, et particulièrement lorsqu’on touche aux déplacements à vélo, les perceptions et impressions sont biaisées. »
Avant d’utiliser des compteurs automatiques, la Ville de Québec réalisait des comptages manuels des piétons, cyclistes et voitures aux carrefours principaux de la ville pendant trois heures le matin et l’après-midi. Mais ces comptages manuels n’étaient pas des statistiques extrêmement fiables pour comprendre l’utilisation journalière des infrastructures cyclables. Les comptages en continu offrent un moyen plus efficace de mesurer les progrès réalisés, et de communiquer les résultats lors de conférences de presse.
Moins d’un an après l’installation de ces compteurs, les données de fréquentation vélo sont désormais disponibles pour faire des comparaisons dans le temps et géographiquement à travers le réseau complet. Les infrastructures nouvelles et pilotes vont continuer à être évaluées et améliorées à l’aide des méthodes décrites plus haut et permettront à la Ville de Québec de continuer à développer ses ambitions pour la pratique du vélo.