« Pour un espace de montagne où il n’est pas envisageable de procéder à des relevés quotidiens ni même hebdomadaires, nous nous intéressons tout particulièrement à l’acquisition de matériels permettant la transmission automatique des données quotidiennes, voire horaires. »

Interview de Mr. Patrick VECE, de l’Observatoire du Tourisme de la Côte d’Azur (La Lettre Eco, 2001)

La Côte d’Azur ne se présente pas, mais, on l’oublie trop souvent, le département des Alpes-Maritimes auquel elle appartient est avant tout un département de Montagne. Or cette destination est très souvent oubliée par le nombre impressionnant de touristes qui fréquentent chaque année les plages azuréennes. C’est pour cette raison qu’un Observatoire du Tourisme en Montagne a été mis en place en 2000 et que les Eco-Compteur sont utilisés. Patrick VECE, qui dirige l’Observatoire du tourisme de la Côte d’Azur au CRT Riviera Côte d’Azur, apporte un éclairage sur ces questions.

La Lettre Eco : Peut-on parler d’un tourisme azuréen à deux vitesses, entre une partie maritime particulièrement dynamique et une zone montagneuse aux opportunités encore trop souvent ignorées ?

Patrick Vece : Absolument. La Montagne couvre 80% du territoire. Or, à l’heure actuelle, elle reste le parent pauvre du département, tout au moins en termes de résultats et de part de marché, et non en termes d’effort et d’investissement car le désenclavement du haut pays fait depuis longtemps partie des priorités du Conseil Général et l’accès routier n’a cessé de s’améliorer.

Aujourd’hui, on skie à seulement une heure et demie de route de Nice et des lignes de transport régulières fonctionnent à l’année, que ce soit par autocar ou par le train. Mais malgré cet effort de désenclavement remarquable, les touristes regardent vers la mer et tournent donc le dos à la montagne. Seuls 6% des séjours de touristes ont lieu sur cet espace, soit moins de 600 000 séjours, dont une grande partie en stations durant la saison des sports d’hiver. La région ne manque pourtant pas d’atouts, avec en particulier le Parc National du Mercantour.

La Lettre Eco : Parlez-nous un peu plus de ce Parc.

Patrick Vece : Créé en 1979 et avant-dernier des sept parcs nationaux instaurés à ce jour en France, le Parc du Mercantour se situe sur la zone montagneuse des Alpes-Maritimes, qui culminent à 3 143 mètres d’altitude, et des Alpes de Haute-Provence. Jumelé depuis 1987 avec le Parc Naturel italien delle Alpi Marittime, sa zone centrale couvre une superficie de 68 500 ha, et sa zone périphérique s’étend sur 136 500 ha. La richesse du Mercantour repose notamment sur la variété de sa flore (2 000 espèces dont 200 rares, sur un total de 4 000 espèces représentées en France) et sur une faune remarquable : chamois, mouflons, bouquetins, cerfs, chevreuils, aigles royaux, et même quelques loups, revenus depuis 1993 !

La Lettre Eco : Quelles solutions le CRT Riviera propose-t-il pour promouvoir la Montagne sur la Côte d’Azur ?

Patrick Vece : Le CRT Riviera travaille à la promotion et au développement du tourisme de la Côte d’Azur, en matière d’offre et d’image pour la montagne. Or, une action marketing volontariste passe par la connaissance des flux, de la nature de la demande actuelle, des évolutions de clientèle en cours et des retombées effectives du tourisme. Pour cela, il était nécessaire de dresser un bilan du tourisme en montagne pour la Côte d ‘Azur.C’est àce stade de notre politique que les Eco-compteur jouent un rôle très important.

La Lettre Eco : Quelle place jouent les Eco-Compteur dans ce dispositif ?

Patrick Vece : L’acquisition d’une première série d’Eco-Compteur complète le dispositif de comptage et d’enquêtes prévu et contribue à extrapoler la mesure pour l’ensemble des sentiers pénétrant en zone centrale. Par ailleurs, un dispositif permanent incluant la pose d’une triple plaque acoustique va être mis en place sur le site majeur de la Vallée des Merveilles, de loin le plus connu et le plus fréquenté sur la zone centrale du parc.

La Lettre Eco : Les Eco-compteur s’inscrivent-ils dans le cadre d’une enquête ponctuelle ou d’une stratégie de longue durée ?

Patrick Vece : Dans un premier temps, les Eco-compteur sont utilisés pour une grande enquête qui n’aura lieu que tous les 5 ans. Mais notre intention est de pérenniser le système de mesure des flux, sur la base de notre parc d’Eco-compteur et de compteurs routiers (parmi lesquels,certains sont des Eco-compteur). Nous nous attacherons donc à compléter progressivement le dispositif.

La Lettre Eco : Quelles types de prestations attendez-vous d’appareils de comptage ?

Patrick Vece : S’agissant d’un espace de montagne où il n’est pas envisageable de procéder à des relevés quotidiens ni même hebdomadaires,nous nous intéressons tout particulièrement à l’acquisition de matériels permettant la transmission des données ou tout au moins la mémorisation des données quotidiennes, voire horaires.

La Lettre Eco : Quels résultats attendez-vous de la politique menée pour promouvoir la montagne ?

Patrick Vece : Il est clair que nous n’envisageons pas un transfert massif des séjournants du littoral vers l’arrière-pays. Cette démarche ne serait pas réaliste et nos études ont montré que la clientèle « mer » s’intéresse peu à la proximité du massif alpin. Cela étant, un segment important des visiteurs effectue des « longs séjours » et il semble possible d’accroître sensiblement les déplacements à la journée ou en week-end vers les villages et les stations de montagne.

La richesse du patrimoine tant naturel qu’historique et culturel (la route du Baroque notamment) permet d’agrémenter un séjour axé sur la pratique balnéaire ou culturelle. Petit à petit, une meilleure connaissance de cet espace peut aboutir à la formation d’une clientèle d’étape puis deséjour, qui bénéficiera alors aux hébergements et permettra d’étoffer l’offre.

Extrait de la lettre Eco Automne 2001