Organisme en charge du projet : Ville de Lucerne – location de matériel auprès du bureau Urban Mobilty Research à Zurich

Population : 80 000 habitants (agglomération : 200 000)

Compteurs installés : 5 PYRO-Box – capteur infrarouge passif qui détecte les micro-variations de chaleur.

Contexte global

Catégorisée « transport actif », la marche à pied fait de plus en plus l’objet de politiques spécifiques en Europe et particulièrement en Suisse. Dans le but d’augmenter la part modale de ce mode de déplacement, les villes s’équipent progressivement de systèmes de mesure pour pouvoir analyser, planifier et communiquer.

Encore très souvent manuels, les comptages sont pourtant beaucoup plus précis et pertinents lorsqu’ils permettent de visualiser une évolution mensuelle voire annuelle. Pour convaincre les décideurs et infléchir les politiques de mobilité, il faut bien souvent offrir une base de décision solide et des données globales.

Contexte local

Le Conseil communal (conseil municipal / communautaire) de la Ville de Lucerne a lancé en 2010 un plan de promotion des mobilités douces (marche, vélo, transports publics). Inspiré de la Charte pour une mobilité urbaine durable, ce plan impose un plafonnement des déplacements individuels motorisés, et s’accompagne donc d’un développement des modes doux. Pour pouvoir suivre l’évolution des parts modales, il devient donc nécessaire de mesurer le trafic piéton, pour pouvoir comparer ces chiffres avec ceux disponibles pour les autres modes. En plus d’évaluer la répartition modale, les compteurs avaient pour mission d’analyser le flux de passage pour évaluer les zones conflictuelles et identifier le niveau de trafic enregistré.

La Ville de Lucerne est traversée par la rivière Reuss. Pour franchir cette rivière, cinq ponts ont été construits : Spreuerbrücke, Reussbrücke (ouvert aux vélos), Rathaussteg, Kapellbrücke (le plus connu), Seebrücke (ouvert au TIM, TP et vélos). Nos compteurs de type PYRO-Box ont donc été installés sur les cinq ponts de la Vieille Ville pour permettre de mesurer le trafic piéton (là où les données faisaient défaut).

(Source: Ville de Lucerne)

Résultats des comptages

Les compteurs font état pour les mois de juin et juillet 2012 d’une moyenne journalière de 80 000 passages, le jour le plus fréquenté étant le samedi avec 110 000 passages moyens.

Les autres moyens de transport se répartissent de cette manière : 40 000 voitures par jour, 33 000 passagers des transports en commun, et environ 5 000 cyclistes.

Un pic important de fréquentation piétonne est enregistrée le samedi entre 10h et 12h sur la voie menant au Rathaussteg, où se tient un marché hebdomadaire, avec 2 600 personnes par heure environ.

A l’aide de ses chiffres, on voit combien il devient plus aisé de mener une réflexion sur la surface occupée ou les moyens financiers accordés, en comparaison des chiffres de fréquentation.

Suites données aux analyses

A l’aide de ses résultats, la Ville a également pu définir des niveaux de fréquentation piétonne pour son centre-ville. Ces niveaux s’échelonnent de A à F, A signifiant une voie totalement libre pour circuler, F un état où il n’est plus possible de marcher de manière ininterrompue.

Ayant définis ces critères, trois des 5 ponts analysés arrivent à un niveau de saturation D avec un trafic compris entre 1000 et 2 000 passages par heure. Il est important de connaître ces niveaux de saturation déjà relativement élevés pour pouvoir anticiper l’impact que peut créer la promotion de la marche sur les infrastructures existantes déjà bien saturées.

Retour d’expérience

De par la nature du capteur, celui-ci doit nécessairement être placé en face d’un fond fixe. En période de fortes chaleurs, les variations sont plus difficiles à détecter et peuvent influer sur le comptage final. Par ailleurs, un arrêt prolongé des piétons devant le compteur peuvent également biaiser les comptages finaux. Le système PYRO-Box seul ne permet pas non plus de différencier les usagers, l’itinéraire étudié doit donc comparter un trafic uniquement piéton, si tel est l’objectif de suivi.

De manière plus globale, les études menées ont permis de disposer d’un premier ordre d’idée sur la fréquentation piétonne du centre-ville, mais un suivi de deux mois ne permet pas pour autant de suivre l’évolution de la part modale et de mesurer les effets des campagnes de promotion. Par ailleurs, cette période relativement courte ne permet pas d’exclure des comportements qui peuvent être différents chaque année en raison d’événements spéciaux. On note en effet que les vacances d’été 2012 ont été particulièrement riches en événements (Luzernerfest, Blue Balls festival, championnats d’Europe de football, etc.).