L’organisme Vélo & Territoires, le partenaire d’Eco-Compteur pour la Plateforme Nationale des Fréquentations, a récemment mis en commun trois sources de données disponibles pour étudier la fréquentation vélo et la relation avec la sécurité réelle et perçue. Ce travail d’ampleur a été réalisé pour six grandes métropoles françaises disposant de données suffisantes : Lyon, Paris, Strasbourg, Nantes, Bordeaux et Lille.
Ce travail de Vélo & Territoires illustre comment l’utilisation de diverses sources de données peut contribuer à dresser un tableau plus complet de la sécurité des cyclistes dans les grandes villes, et aider à orienter les efforts visant à renforcer cette sécurité.
Méthodologie
L’analyse a utilisé une combinaison de trois sources de données :
- Densité de “points noirs” remontés par les cyclistes eux même, dans la grande enquête menée par la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB), le “Baromètre des Villes cyclables”.
Les « points noirs » sont des zones identifiées par les cyclistes comme étant particulièrement dangereuses en raison de divers facteurs tels que la densité du trafic, l’absence d’infrastructures cyclables appropriées ou des conditions routières dangereuses.
- Densité d’accidents par KM, obtenue grâce aux données ONISR
- Données de fréquentation obtenues grâce aux compteurs vélo installés à des points stratégiques dans ces villes.
Résultats et conclusions
S’il est parfois difficile d’interpréter la relation de causalité entre la fréquentation et l’accidentologie sans connaissance du terrain et du contexte local, l’analyse a mis malgré tout en évidence un double mouvement observable dans les données : une augmentation significative du trafic vélo sur les six territoires étudiés (également observée au niveau national), et une densité d’accidents par kilomètre parfois élevée, qui s’explique par cette augmentation du trafic.
La fréquentation vélo en France a en effet connu une augmentation notable au cours des dernières années, une tendance particulièrement marquée pendant et après la période de la COVID-19. Les données montrent ainsi une hausse globale de 75 % du trafic vélo entre 2013 et 2022.
A Paris, la ville note elle que “bien que la fréquentation vélo soit en augmentation importante, le nombre de cyclistes tués a lui, drastiquement baissé entre 2021 et 2022”.
Cela suggère bien évidemment que les actions entreprises pour améliorer la sécurité des cyclistes commencent à porter leurs fruits, mais qu’un nouveau palier doit être franchi en termes de qualité d’aménagement pour assurer la sécurité des flux importants de cyclistes désormais présents sur ces territoires.
Une donnée complémentaire pour guider les aménagements cyclables
La nouveauté majeure de l’étude est de présenter une typologie de zones géographiques qui met en relation la dangerosité objective (nombre d’accidents) et subjective (signalements par les cyclistes). Cette donnée est particulièrement intéressante pour identifier les endroits où la dangerosité est réelle mais non perçue, et à l’inverse les endroits où la dangerosité semble faible mais est néanmoins perçue comme importante (relations antagonistes).
Cela apporte un éclairage nouveau dont les villes pourront se saisir pour concevoir des aménagements cyclables répondant aux meilleures pratiques, et permettront de questionner les différents usages et conflits potentiels qui mènent à ces écarts de perception.
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